Saison 2013-2014
6ème journée de poule de la 2ème
division des Clubs du Samedi
COMPTE – RENDU N°6 : ASPTT Paris - S.C.U.F. Vieux Cochons
Samedi 30 novembre 2013 à 15h00
Stade Interdépartemental des Sports à Bobigny
Samedi 30 novembre 2013 à 15h00
Stade Interdépartemental des Sports à Bobigny
Score : 17-24
Le salut du porc est au ras.
Points : 4 essais collectifs mais attribués pour les stat à Gregonator,
Captain’Yann, Nico Valenz ‘et Captain’Yann again ; 2 transfos de
Thomy Schwartz
Capitaine : Notre barbu grisonnant, le granitique Yann Lavoir. Attention, son
capitanat n’est plus un intérim, ça pue le putch. Ils sont chaud-patate les
bretons en ce moment, et notre Yann doit se sentir porté par cette engouement
populaire, ce « printemps arabe » version costarmoricaine. Et s’il
n’arbore pas encore de bonnet rouge, son slip rouge est un message politique,
n’en doutez plus !
Homme du
match : Le 8 de devant, des gros fiers et
forts, auteurs d’un match où ils subirent, puis renversèrent la vapeur, prirent
les postiers à la gorge et ne lâchèrent l’étreinte qu’après 400 mètres (en cumulé)
de mauls pénétrant et déroulés divers, 4 essais, le passage devant au score,
et le coup de sifflet final.
Corbier
d’Or : Notre
manager-intendant-gourou-restaurateur (pizzaïolo)-sélectionneur-talonneur
momentanément sur le flanc, Jean-Mi, dont la pertinence des choix tactiques de
coaching n’a d’égal que la naïveté et la sensiblerie affective, vous verrez
bientôt pourquoi.
Après quelques matchs face à des adversaires réputés faibles de la
poule, il était temps ce samedi pour l’équipe des Vieux Cochons de rentrer dans
le gras. Loin de notre pré en celluloïd dont le vert fluorescent est
parfaitement accordé au rose fuchsia de nos tenues moulantes, la horde porcine
affrontait les premiers de poule (ex aequo). Une équipe des PTT qui nous
accueillit dans le grand Nord (Bobigny, quand même…), sur un vraie pelouse bien
grasse, balayée par les vents froids d’une fin d’automne, sous une lumière
rasante orange post-apocalyptique mettant en valeur le gris crasseux des
gigantesques tours HLM environnantes… Une ambiance qui laissait présager que la
partie ne serait pas une balade de santé. Elle n’en fut pas une.
Déjà, comme chaque fois que les gorets ont à jouer à plus de 3 km de leur
porcherie de Pouchet, les candidats sont plus rares. Les noms de 22 scufistes
furent certes couchés sur la feuille de match, mais une pénurie de première
ligne fut constatée. Une première pour le puissant Syndicat des Premières
Lignes, qui a certes noyauté les arcanes du pouvoir (Présidence et
Vice-Présidence du club, Management de l’équipe, capitanat historique,
responsabilité du Comité Huitre, infirmerie, ils sont partout !) mais ne
doit pas en oublier l’essentiel : jouer au rugby, pousser, courir, plaquer
et pousser toujours. Au gré des remplacements, Stéph 2-2-nie et Gregonator
eurent ainsi le loisir de découvrir les joies de la pile et des cervicales
vrillées. Un cadeau d’autant plus beau que nous jouâmes ce samedi face à la
meilleure première ligne qu’il nous ait été donné de jouer depuis fort longtemps. Une première ligne qui nous fit
reculer, nous plia, nous mâcha. Je vis même Maxou Hospital les crampons 20 cm
au-dessus du sol, fait assez déroutant pour qui connait l’histoire du club
(depuis 50 ans, au SCUF, les Hospitaux volent rarement dans les mêlées fermées…
même en pleine saison migratoire).
Mais entrons dans le vif du sujet. Dès le coup d’envoi donné, nous sentîmes
que la partie serait très différente de celles jouées depuis le début de
l’année. Pas le même sport en fait. En effet, les postiers nous prirent haut.
Agressifs en défense, ils dispensèrent quelques timbres biens sentis. En
attaque, ils alternèrent efficacement entre jeu au près, occupation
intelligente (des chandelles pour nos arrières avec le soleil dans les yeux) et
balle à l’aile. En face la cochonnaille subit et commit des fautes. Des
réceptions de balles hésitantes, des courses improbables car manquant de
conviction, un engagement déficient et un souhait de trop souvent écarter les
balles… Alors que nous ne franchisions pas, voire subissions la montée de la défense.
Bref, nous primes la marée (en même temps avec un breton comme capitaine…).
C’est sur une balle en première main, derrière une mêlée sur nos 30 mètres, que
la première banderille fut plantée par une belle attaque des PTT. Les centres
postiers déchirèrent le rideau rose et allèrent se vautrer dans l’en but.
Quelques minutes plus tard, et alors que nous avions encore la gueule à brouter
le gazon (une hérésie, pour des cochons) un second essai nous crucifia. Il
fallut attendre les 10 dernières minutes de la mi-temps pour sentir la
puissance de nos gros prendre le dessus sur le paquet adverse (avec un essai
collectif à la clef). Le ton monta, quelques amabilités s’échangèrent et, comme
souvent, c’est notre Xavon national qui fut vite repéré par l’arbitre. La
menace arbitrale fut claire : "calmez-vous sinon c’est rouge direct
au moindre mauvais geste". A la mi-temps le score était de 17 à 7 pour
l’adversaire. Une première mi-temps compliquée face à un adversaire complet et
volontaire. Un casse-tête pour nos cerveaux porcins.
Mais à la mi-temps, 2 faits marquants survinrent. Le premier, c’est le
non-remplacement de notre ouvreur, Xavon, dont les velléités guerrières
débordaient ostensiblement mais qui réussit à convaincre notre expert ès
coaching, Jean-Mi, de le laisser sur la pelouse. Il promit, jura, cracha qu’on
ne l’y prendrait plus, qu’il ne prendrait pas de rouge, ni de jaune ni de blanc
ni aucune autre couleur, qu’il serait doux comme un agneau, zen comme un moine
bouddhiste même si le 3 adverse revenait lui chatouiller les côtes d’un nouveau
coup d’épaule vicieux. Incarnation de la bonté, de l’optimisme, muse des naïfs
et à défaut d’autre ouvreur de métier, Jean-Mi accepta…
L’autre évènement de la mi-temps fut le discours de Vinz, notre géant
barbu. Sans doute est-ce parce qu’il bénéficie d’une vision panoramique
privilégiée, du haut de son double-mètre. D’une belle expérience des matchs à
tension, aussi. Et d’une capacité à faire des phrases courtes, avec des mots
simples lorsqu’il s’adresse à des gros qui ont dégusté pendant une mi-temps (ce
mec a vraiment l'étoffe d'un entraineur, faudrait y penser, Lionel! Ah c'est
déjà fait ? Ah d'accord...). N’empêche qu’il posa la stratégie de notre jeu sur
la seconde période : jouer devant, faire des mauls. Lorsque la balle est
sortie, toujours un gros à l’intérieur du 10, et des courses rentrantes.
Arrêter d’aller chercher les extérieurs, leurs centres distribuent des tampons
sans faiblir. Alors qu’au ras, ils sont bien plus légers. "Le ras, c’est
la vie."
Retour sur le terrain, premier ballon, application de la stratégie
barbesque, 40 mètres de groupé pénétrant, essai pour les cochons. Second
ballon, turnover en faveur des blancs, la défense rose recule, tient bon, puis
Xavon essaye discrètement sous les yeux de l’arbitre d’arracher la tête de son
vis-à-vis dans un maul. Carton rouge. A ce moment-là, plus de choix possible.
S’envoyer dans tous les sens, partout, faire mal à l’impact, tenir la marée en
mêlée, continuer à les gêner sur leurs touches (Thomas Schwartz moissonna le
ciel, comme souvent), éviter les fautes bêtes sur les rucks et pousser bas,
petits pas, proposer des gros au ras et un soutien rapide au près, et pousser
bas, petits pas, en gardant l’oreille attentives aux aboiements de nos demis-de
mêlées successifs, Roch et Nico Valenzuela, cornaqueurs de choix. Et pousser
bas... Petits pas. Je résume ainsi cette seconde mi-temps intense, avec l’œil
et le vocabulaire d’un joueur de première ligne (qui n’eut pas l’occasion de
voir souvent l’horizon pendant la partie mais put apprécier à de nombreuses
reprises la qualité de l’implantation des racines de gazon dans la terre
argileuse de Bobigny). Désolé pour les esthètes de la double sautée croisée
« chisté ». Il n’y en eut pas. Par contre il y eut 2 nouveaux essais
collectifs du pack au terme d’un lourd combat verdunesque et de quelques
charges titanesques de nos gros… A 14, les cochons tinrent la barre (en même
temps avec un breton capitaine c'est plus facile de savoir naviguer), ne
lâchèrent rien. Même lorsqu’ils se retrouvèrent acculés sur leur ligne, ils
agressèrent les PTT au placage. Avec 7 points de retard et bénéficiant d’une
pénalité à 5 mètres de la ligne porcine (15 m à gauche des poteaux), les
postiers tergiversèrent. Et finirent par tenter de prendre les 3 points (qu’ils
ratèrent). La solidarité rose les avait écœurés, ils n'imaginaient plus pouvoir
franchir notre défense de clébards enragés. Elle les écœura encore dans les
dernières minutes, où les cochons finirent à 13 (carton blanc pour Captain
Yann) et perdirent leur Bastareaud Blanc, Pacalito Augé sur un nouveau KO.
Pascal, ancien arrière reconverti seconde ligne vu son physique de grand
pillier, postulant au centre dans l’équipe et dépannant à l’ouverture pour
l’occasion après l’expulsion de Xavon, laissa sa place à Thomas Poletti. Les
instructions qu’il transmit à son frère, à la mêlée, furent limpides. Surtout
aboyées par un corse : « Roch, je passe en 10. Par contre tu te
démerdes, je veux pas voir un ballon. Je te préviens, si tu m’en envoie un,
j’m’en fous je le prends pas, donc démerde toi ».
Et c’est ainsi que les roses gagnèrent intelligemment cette belle partie,
en faisant preuve de courage et de solidarité, de lucidité et d’abnégation face
à une très bonne équipe, complète et puissante. Le soulagement du coup de
sifflet final fut jouissif, et la douche chaude délicieuse. Nous savions que
cette équipe des Vieux Cochons avait du potentiel, quelques individualités
fortes, tant techniques que physiques, même pour des "vieux". Nous
savons aujourd’hui qu’elle peut avoir du caractère. Reste à savoir si elle
saura rééditer l’exploit les prochains w e, face aux autres « gros de la
poule ».
Vivement samedi !
Toto, chroniqueur intérimaire en l'absence de Jean-Mi, talonneur intérimaire en
l'absence de Jean-MI, et digne successeur de Jean-Mi en lancer en touche...
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