Compte-rendu
n°13 : Drancy – S.C.U.F. Vieux Cochons
Samedi 28
janvier 2012 à... 17h30
Score :
12-5
Pelouse :
grasse, lourde c'est-à-dire l’antithèse même de notre moquette adorée ; de
plus, on a joué à la lumière lugubre des projecteurs. C’était ‘Voyage au bout
de la nuit’ et le docteur Bardamu a certainement traîné sa sacoche et sa
misanthropie dans les ruelles sombres de cette cité d’outre-fortifs…
Température :
l’anticyclone de Moscou avait fondu sur cette ancienne ville rouge ! Le
goulag était tellement frigorifique que l’échauffement fut suivi avec un
entrain jamais vu de mémoire de goret historique…
Participants :
le Grand Vide ! L’Effroyable Hécatombe ! 21 seulement sur la feuille
de match ! Et, encore, en mettant un maillot aux deux dictateurs : le
petit roux irascible et l’imposant roux barbu ! Devant l’horaire nocturne
et l’expédition au-delà de La Villette, tous les pleutres habituels se sont
inventés des alibis ; Captain Frank était convoqué à La Plagne en tant que
jury du Festival Intercontinental du Reblochon ; Corbier avait soudoyé des
yakusas à Tokyo pour qu’ils l’incisent à la cuisse gauche ; le Breizhnogoud frustre avait une réunion
plénière des Procréateurs Anonymes ; Fred initiait son petit-fils à la
sculpture de tétine en bois ; Georges Bacalao expliqua que son accromio
guérira pile poil le 28 mais à minuit ; Vince ‘The beast’ souffre d’une
lombalgie exceptionnelle qui ne se manifeste que de 17h28 à 19h43 quand le
mercure oscille entre 0 et 4°C ; notre maître pinardier Edouard devait
absolument ramener en Belgique les consignes de la cervoise Rince Cochon sous
peine de mandat d’arrêt international ; docteur Chambaz bénéficiait de 143
semaines de récupération suite à la réussite de sa superthèse sur les micro-probabilités
de voir un universitaire dans son bureau ; Matt ‘Forrest Gump’ Champion
était retenu au théâtre pour répéter le rôle de Zaza Napoli dans La cage aux
folles ; Xav Amon n’avait pu attraper son vol pour cause de blizzard à
l’aéroport de Brasilia ; Nico Valuenzela se jugeait trop en forme pour un
match dans la glaise ; et, Phil Toinard a pris le maquis à Plougastel
Daoulas depuis que la frange porcine lui réclame avec véhémence le compte-rendu
n°11 d’il y a trois semaines… Du coup, on a même dû convoquer le cantalou…
C’est dire si les présents ont eu du mérite…
Capitaine :
d’habitude, quand Frank n’est pas là, c’est le tour de Zanc ; pourtant, en
cette morne soirée, Kayser Marco a intronisé Thomas ‘Duracell’ Schwartz !
En fait, il avait reçu d’incessantes pressions de Papa Zancanaro qui cherche,
depuis toujours, à dégonfler la tête de son rejeton zébulon… En plus, cela
récompense le seul goret qui agit plus qu’il ne parle !
Points :
5 de Laurent, notre nouveau porcelet… et c’est tout… puisque les Schwartz’s
feet portaient des semelles lestées de trois tonnes de glaise.
Homme du
match : notre capitaine d’un jour, Thomas. Si c’est un leader par exemple,
c’est bien dommage qu’on ne l’ait pas imité…
Corbier
d’Or : il y avait la Zancamon, carambolage aléatoire à haute
vitesse ; il y eut samedi la Durriquez, collision au ralenti mais
hautement risible. Pour les jeunes, il convient de préciser que Durand et Manu
ne jouent que depuis 32 ans ensemble en 3ème ligne… Donc, à la 27ème,
quand Gros Con annonce ‘pivot’ à la sortie de la mêlée, Manu, côté droit,
visualise parfaitement la scène : GC ramasse la balle, part à gauche, puis
se retourne prestement pour donner la gonfle à Manu lancé comme une balle. Et
là, le trésor dans les mains, Durand part… à droite et… percute Manu qui se
retournait… Elle est cruelle la nostalgie des vieux amants… Donc, Corbier d’Or ex-æquo
pour Manu ‘Zaza Napoli’ Enriquez et Steph ‘Renato’ Durand.
Ambiance
Le
problème avec les victoires, c’est qu’on s’y habitue ! On a beau savoir
qu’on est une bande de gorets stupides et désorganisés, on adore se vautrer
dans notre mare de 10 victoires pour une seule défaite. On s’y roule avec
délectation.
Alors,
quand on se retrouve, même décimés, à la tombée de la nuit, transis, sur un
réverbère blafard de Drancyland, chacun évoque la finale du 11 contre nos
collègues de l’ACBB. Par superstition, on se rappelle à peine que Drancy nous
avait fait souffrir en finale de la Coupe en mai dernier.
Pourtant,
toutes les conditions d’un traquenard étaient réunies : un horaire
inhabituel, une pluie de forfaits, des conditions hivernales et un adversaire coriace
soutenu par un public nombreux et juvénile. On se retrouva même dans un
vestiaire vaste comme un hall de gare, nous autres élevés à la promiscuité
joyeuse et odorante ; du coup, les vannes habituelles fusaient dans le
vide et je dus me résoudre à coller une bouffe au cantalou pour réchauffer un
peu l’ambiance…
De même,
juste avant le coup d’envoi, le jeune arbitre, pouponné par le délégué, nous
fit poireauter 13 min, transis et penauds le long de la touche. Ce qui permit
au public de nous railler ouvertement : « C’est quoi, l’équipe en
rose ? Les Vieux Croûtons ? »
Classique
Ce qui
étonnant, c’est que nous commençâmes le match sur de bonnes bases. Chacun était
au combat et le jeu était posé et clair. Schwartz One régnait sur la touche et
Schwartz Two arrosait les lignes de touche. On récitait avec bon goût les lois
du match hivernal : conquête et occupation ! Nos adversaires
tentaient bien de relancer avec leurs jambes juvéniles, mais les gorets
verrouillaient tous les intervalles. On sentait que l’on contrôlait le match
mais on avait du mal à l’emballer… La balle était lourde et nos doigts un peu
gourds. C’était difficile d’enchaîner les temps de jeu… Il fallait se résigner
à occuper leurs 22 pour s’y montrer opportunistes.
Une
première occasion se présenta à la 22ème, quand après un beau
travail dans l’axe, Juju lança the combinaison des V.C. : la sautée 2. Le
coup parut imparable avec un trois contre un au bout… mais le referee jugea la
passe en avant. Dommage !
La concrétisation
vint sept minutes plus tard : cette fois, les gros confisquèrent le ballon,
enchaînèrent autour jusqu’à s’effondrer à 26 cm de l’en-but ; et, là,
comme souvent, ce fut une tarlouze de derrière, en l’occurrence Laurent, the
new pig, qui profita du labeur des avants pour aplatir après une percée de 31
cm. Essai en coin que Juju ne put transformer. Comme les 2 autres pénalités qu’il
tenta par la suite, le pied gauche lesté de six kilos de compost.
Agonie
0-5 aux
citrons. Le chat était maigre face un adversaire qui ne nous avait jamais mis
en danger. Toutefois leur pack était lourd et vaillant, et ils firent rentrer
quelques vieux grognards.
Effectivement,
ces anciens leur redonnèrent un peu d’assurance en conquête, notamment en
touche avec un talonneur beaucoup plus précis. Du coup, nos adversaires eurent
les ballons pour jouer autour. Et la seconde mi-temps devint alors une lente et
longue agonie pour les cochons. Nous ne réussissions plus à jouer et nous
restâmes dans notre camp à subir petit tas sur petit tas. Rien de dangereux
mais l’avantage pondéral et hormonal de Drancy nous scotchait chez nous.
Résultat : nos adversaires profitèrent de 4 pénalités, pas toujours bien
placées, mais que leur buteur en réussite convertit… 12-5. Frustrant mais
logique car un match d’hiver se gagne souvent comme cela : mètre par mètre
et au pied.
Bien sûr,
Captain Thomas sonna la révolte lors des 10 dernières minutes et nous revîmes
enfin les 22 adverses. Seulement, deux de nos poutres étaient tombées au champ d’honneur,
genou et cheville en vrac : notre bulldozer Pascal derrière et notre socle
Phil Dufaure devant. Ajoutés à tous ceux qui avaient déserté dès le mail de
convoc, il nous manquait désormais trop de force de pénétration pour ouvrir des
brèches sur un pré aussi gluant. La révolte fut belle mais se révéla illusoire.
Omelette
Le retour
au vestiaire, ou plutôt à la cathédrale, fut des plus moroses : c’était
bien la peine de rêver de charges de cavalerie à l’ACBB quand on n’est même pas
capable de gagner la bataille des tranchées à Drancy… Les deux présidents
écrasaient leur petite larme, tandis que Pascalou maugréait qu’on ne le
laisserait pas rentrer au Pousse avec une attelle… Gros Con Durand en profitait
même pour s’éclipser en douce, histoire de ne pas enfiler le célèbre collier de
gorets avec Manu…
Heureusement,
le clubhouse de Drancy est plus cosy que leur pelouse. Et aussi généreux que
leurs gaillards. Quelques mousses et une belle omelette baveuse plus loin, la
troupe avait retrouvé toute sa verve, les dictateurs Yoyo et Marco en tête.
Après tout, si on n’appréciait pas les défaites hideuses, ça fait longtemps qu’on
jouerait plus au S.C.U.F…
Drancy by night...
1ère mi-temps : on reste chez eux, tout va bien...
Captain Thomas est novice : il croit encore qu'on écoute ses consignes...
2ème mi-temps : quatrième pénalité encaissée, quatrième renvoi...
Dictateur Marco est dépité : le ver est dans le fruit...
Manu, lui, au moins, assume son trophée ; pas comme l'autre couard...
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