jeudi 6 août 2015

The match ! Old Legends of Stratford vs Vieux Cochons du SCUF

The Big Crunch
Kick-off on saturday may 16th 2015 at 1.30 pm greenwich meridian time
Pearcecroft ground
Stratford RFC Old Legends –Vieux Cochons du SCUF : 34 - 24

Falstaff
Le dénouement tragique était attendu. Suspendu depuis 2 ans.
Les spectateurs s’en doutaient dès la première scène de l’acte 1, le 18 mai 2013.
Ce jour-là, au coup d’envoi de la première Pink Cup, l’assitance savait déjà que notre généreuse proposition de rencontres annuelles entre has been se retournerait à terme contre nos dispendieux gorets. L’anglois ne s’amuse guère longtemps de gambader sans qu’il y ait de victoire au bout...
Jurisprudence Azincourt. Ou plutôt, syndrome Falstaff, pour célébrer ce cher autochtone de Willy, qui ne leur appartient pas d’ailleurs car devenu universel. Les Vieux Cochons dans la peau du jovial compagnon aviné du prince Hal, le futur roi Henri V. Celui qui lui permet de vivre une belle jeunesse aventureuse. Et jubilatoire.
Et qui renie son précepteur de 3ème mi-temps dès son couronnement…
Bien sûr, le prince Hal incarné par les Old Legends.
Acte 1. 18 mai 2013. Pearcecroft. Triomphe porcin 12 à 10. Malgré un arbitrage « in the spirit ».
Acte 2. 17 mai 2014. Max Rousié. Victoire des gorets 60 à 21. Devant une troupe de Legends bien malingre.

Acte 3
Le jeudi après-midi, l’avant-garde Falstaff débarquait sur les rives de l’Avon. On y avait dépêché le gratin des fêtards ! Pensez donc ! Doudou De Ros, Gégé Sonois, Toto Bouteilly et, surtout, le prèz Lawrence qui réapparait toujours opportunément dès qu’une taverne est illuminée. Tous les princes Hal locaux se réjouirent du retour de leurs compagnons de débauche parisiens. « Oh, darling. No tea with you today. I have to wish the welcome to our french friends. » Le prince héritier pouvait dégainer l’alibi Falstaff pour échapper aux shortbreads de maman et se rincer l’œil goguenard.
En plus, les joyeux lurons de Falstaff avaient eu la brillante idée de créer le buzz en désignant un des leurs pour arriver à bicyclette ! “More, my darling, there’s one of them who arrive on a bike ! Do you believe it ? By bike ! Since Paris ! Impossible to miss that !
Et que dire de l’arrivée du gros de la troupe le vendredi au club house. La félicité de nos princes Hal ! Dix mille raisons de se vautrer dans le houblon !
Surtout que les Falstaff porcins avaient rameuté les exilés ! Non contents d’amener les habituels gorets du samedi, certains glorieux avaient décidé de retourner sur les terres de leurs exploits de Rose Cup. Pensez donc. Jean Marc Hanna. Thibault D’Azémar. Et mieux encore, l’ineffable Javier Gambarte de Pampelune !
Un commando de Falstaff pour dévoyer nos prudes héritiers de la Couronne. La perfide Albion s’émoustillait à bon compte dans les caniveaux d’Union Street…
Seulement, le prince convoitait ardemment le Graal. Ce bouclier, gravé et sublimé par bicycle-man Lazz. L’honneur perdu lors des 2 premiers actes…

What’s your name ?
Scène 6. Pearcrecroft. Saturday. 1.30 pm.
Tout retournés par les débordements nocturnes, les joyeux drilles sortaient tout guillerets des légendaires vestiaires. Mais, leurs compagnons du Warwickshire ne les regardaient plus ! Ils n’avaient les yeux de Chimène que pour le fameux Shield négligemment déposé au pied de la main courante. Les princes ne rêvaient plus que de s’approprier la couronne. Et, au diable les co-pintes d’hier ! Le prince Hal avait débauché le perfide Iago chez le roi maure. Tous les moyens seraient valables.
Du coup, les Old Legends avaient soudoyé tous les plus vaillants farmers des Iles Britanniques ! Les Vieux Cochons ne reconnaissaient plus leurs potes de jeu des 2 années précédentes. Ou alors, ils avaient trouvé une potion magique qui leur avait fait prendre à chacun 20 cm et 30 livres de deltoïdes… De plus, z’étaient 30 ! 3 fois plus qu’à Rousié l’année précédente…
Le goret Falstaff ayant l’ouie fine, certains assistèrent, médusés, au ballet suivant. Les princes héritiers défilaient les uns après les autres devant leurs numbers four and twelve avec la même rengaine : « Hello guy ! Welcome ! What’s your name ! »…
C’étaient plus les Old Legends. Plutôt une sélection des Lions Britanniques. Mais, alors, des Lions gonflés à l’hélium et à la créatine…

Dernier soubresaut
Je ne sais pas ce que ressentaient les premières tranchées frappées par la Grosse Bertha. Mais cela devait être proche des 20 premières minutes des Falstaff à peine dégrisés. Une canonnade ininterrompue avec des obus de 120. Des bras magrichons tentant de ralentir des cuisses surdimensionnées.
Un massacre.
Les vagues bodybuildées déferlaient sur les digues de chair frêle.
Décompte final après 30 min de bombardement. 24 à 0. 4 essais.
Capitaine Yann, désigné après un an de sanatorium, avait beau rameuter les troupes sous les poteaux, chaque ex-fêtard entrevoyait une mise à mort longue et inexorable.
Seulement, l’injustice se révèle un ressort insoupçonnable. Le Falstaff pantelant se releva furieux : « Quoi ! J’ai emmené mon prince dans toutes les tavernes et les lieux de perdition. Lui ai servi de couverture. D’alibi. Hier encore, vautrés ensemble dans le caniveau. Et, là, il me trahit ! Je rêêêveee ! Quel ingrat ! »
Du coup, à ruse, ruse et demi. Sous l’impulsion de crazy Xavon, la balle aux ailes ! La grosse artillerie ne s’attaque pas de front. Nous avons alors formé de petits commandos pour harceler la batterie pataude sur ses extérieurs. Dans les intervalles de la garde. Avec des jarrets revigorés par l’ingratitude.
Et après des raids tout proches de réussir, à la 38ème, nous employâmes la fourberie suprême. Les feintes de passe de Pascal « Bastagros » Augé ! Là, le veule prince en resta interdit… Comment le seul adversaire au gabarit comparable au sien put-il esquiver les conflagrations frontales pour éliminer deux avants dans les 22 et envoyé Roch Poletti aplatir ? Le prince en resta interdit.
24 à 5 à l’entracte.
Seulement, la colère des gai-lurons ne s’apaisa pas à la reprise. « Tu veux me mortifier ? Mais le Falstaff n’est pas encore mort ! Il court encore ! » Et il se remit de suite à gambader. Beaucoup trop vite tout à coup pour le l’héritier félon.
Faut dire que le mortifié emprunta les jambes du Flo chevelu.
Et, hop !, coup de pied hasardeux sur les 40m et chevauchée chaloupée !
24 à 12

Coup de théâtre
Il faut dire que nos chevaux sauvages bénéficiaient enfin de quelques ballons de conquête. Surtout depuis l’entrée d’une première ligne entièrement composée de talonneurs ! La domination outrageuse des Legends dans ce secteur cessa aussitôt, vaincue par l’agrégat de tant de virtuosité neurono-tactique. Les Cochons enchaînaient tellement bien les prises d’intervalles que le Laurent Olivé bénéficia d’un tapis rouge pour aplatir à la 54ème.
24 à 19
Les princes ahanaient. Leurs têtes tournaient.
A la 63ème, capitaine Yann crut les avoir achevés. Las !, l’arbitre de la scène ne valida pas la pression de haut en bas.
Mais la harde ne se découragea pas pour autant. Porté par l’énergie de Bastagros, de Javier et de Battling Rouquin, le Flo capilloporté se retrouva en possession du ballon sur les 50. Deux gros déposés sur place et une seconde chevauchée vers le centre des poteaux. Non sans avoir pointé l’index vers le ciel dans l’en-but ! « Regarde ton Falstaff ! Il n’est pas encore là haut ! Il vient de te rejoindre, mon prince, mon ancien protégé ! »
24 à 24
Bah, une transfo facile pour Juju, et le bougre damné repasse devant !
Et ben, non !, pas de transfo ! Pourquoi ? Bah, suspense…

Fin épique
Panique tout de même chez les traîtres ! Plus que 10 min. Ils font à nouveau rentrer tous les farmers !
Et, comme Falstaff éclusait déjà à la satisfaction de sa résurrection vengeresse, il vomit la balle dès le renvoi et, quelques pilonnages plus tard, les golems mercenaires reprenaient la ligne de front.
Tout ça pour ça ? 24 points remontés pour tout perdre trente secondes après ?
Come-back inutile ? Mais, non, surtout pas ! N’oubliez pas que c’est du théâtre. Shakespearien.
Le drame était posé dès le début. Le Prince gagnerait. Mais le Falstaff, lui, conquerrait les cœurs des spectateurs. Par sa sortie grandiose. Tragique. Son héroïsme vain. Et sa droiture.
Impression confirmée le lendemain au Grand Banquet. Là où le captain bristish nous gratifia d’un discours convenu de 42sec21, le Falstaff pérora pendant une tirade interminable. Déjà, il était triple avec le capitaine Yann, le président Lawrence et l’ex Jean Mi ! Quelle présence ! Quelle prestance !
Et, surtout, une fin grandiose sous les regards stupéfaits de l’assistance ! L’élection du Corbier d’Or dans le club-house de Pearcecroft ! Comme au Roi du Café à Paname !!!
Nominés : Juju Schwartz, bien sûr, pour avoir vu sa transfo de face pour la victoire contrée par le seconde ligne qui le chargea à 1 mile et demi à l’heure ; Bastagros qui abandonne volontairement ses frêles partenaires pour se reposer 10 min et fumer 4 clopes ; Yann qui affirme haut et fort avoir bien aplati, ce qui semble douteux, qui plus est après avoir coffré le ballon malgré des partenaires totalement démarqués. Et élu : Flo Gallaire, non pas pour son doigt, ni pour son pas de deux sur 30 m avec son vis-à-vis qui le repoussait vainement avec ses bras de golgoth, mais bien pour la nouvelle posture technique de l’ailier : se recoiffer entre chaque crochet sur son premier essai ! Et, ultime pied de nez du Falstaff : ce Corbier d’Or réparait celui que le Lazz, waterboy la veille, récolta un an plus tôt quelque part en Irlande. Pour couvrir déjà les ignominies du Flo.
Vous voyez. Le Prince anglois croit gagner. Il a son Shield dans les mains et sa couronne sur la tête. Mais le théâtre se défie des apparences du pouvoir ! Falstaff a définitivement conquis le public en soignant son image. Et son texte. Transformé le présomptueux club house de Pearcecroft en annexe d’un rade du XVIIème. Et s’en ai servi pour y solder des arriérés fumeux de chez ces bouseux de colonisés rouquins…
Rideau.
Et standing ovation pour les troublions.

Jean Mi, l’ex dramaturgiquement inconséquent



















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