The Big Crunch
Kick-off on saturday may 16th
2015 at 1.30 pm greenwich meridian time
Pearcecroft ground
Stratford RFC Old Legends
–Vieux Cochons du SCUF : 34 - 24
Falstaff
Le dénouement
tragique était attendu. Suspendu depuis 2 ans.
Les
spectateurs s’en doutaient dès la première scène de l’acte 1, le 18 mai 2013.
Ce jour-là,
au coup d’envoi de la première Pink Cup, l’assitance savait déjà que notre
généreuse proposition de rencontres annuelles entre has been se retournerait à
terme contre nos dispendieux gorets. L’anglois ne s’amuse guère longtemps de
gambader sans qu’il y ait de victoire au bout...
Jurisprudence
Azincourt. Ou plutôt, syndrome Falstaff, pour célébrer ce cher autochtone de Willy,
qui ne leur appartient pas d’ailleurs car devenu universel. Les Vieux Cochons
dans la peau du jovial compagnon aviné du prince Hal, le futur roi Henri V.
Celui qui lui permet de vivre une belle jeunesse aventureuse. Et jubilatoire.
Et qui
renie son précepteur de 3ème mi-temps dès son couronnement…
Bien sûr,
le prince Hal incarné par les Old Legends.
Acte 1.
18 mai 2013. Pearcecroft. Triomphe porcin 12 à 10. Malgré un arbitrage
« in the spirit ».
Acte 2.
17 mai 2014. Max Rousié. Victoire des gorets 60 à 21. Devant une troupe de
Legends bien malingre.
Acte 3
Le jeudi
après-midi, l’avant-garde Falstaff débarquait sur les rives de l’Avon. On y avait
dépêché le gratin des fêtards ! Pensez donc ! Doudou De Ros, Gégé
Sonois, Toto Bouteilly et, surtout, le prèz Lawrence qui réapparait toujours
opportunément dès qu’une taverne est illuminée. Tous les princes Hal locaux se
réjouirent du retour de leurs compagnons de débauche parisiens. « Oh, darling. No tea with you today. I have to
wish the welcome to our french friends. » Le prince héritier pouvait
dégainer l’alibi Falstaff pour échapper aux shortbreads de maman et se rincer
l’œil goguenard.
En plus,
les joyeux lurons de Falstaff avaient eu la brillante idée de créer le buzz en
désignant un des leurs pour arriver à bicyclette ! “More, my darling, there’s one of them who arrive on a
bike ! Do you believe it ? By bike ! Since Paris ! Impossible to miss that
! “
Et que
dire de l’arrivée du gros de la troupe le vendredi au club house. La félicité
de nos princes Hal ! Dix mille raisons de se vautrer dans le
houblon !
Surtout
que les Falstaff porcins avaient rameuté les exilés ! Non contents
d’amener les habituels gorets du samedi, certains glorieux avaient décidé de
retourner sur les terres de leurs exploits de Rose Cup. Pensez donc. Jean Marc
Hanna. Thibault D’Azémar. Et mieux encore, l’ineffable Javier Gambarte de
Pampelune !
Un
commando de Falstaff pour dévoyer nos prudes héritiers de la Couronne. La
perfide Albion s’émoustillait à bon compte dans les caniveaux d’Union Street…
Seulement,
le prince convoitait ardemment le Graal. Ce bouclier, gravé et sublimé par
bicycle-man Lazz. L’honneur perdu lors des 2 premiers actes…
What’s your name ?
Scène 6.
Pearcrecroft. Saturday. 1.30 pm.
Tout
retournés par les débordements nocturnes, les joyeux drilles sortaient tout guillerets
des légendaires vestiaires. Mais, leurs compagnons du Warwickshire ne les
regardaient plus ! Ils n’avaient les yeux de Chimène que pour le fameux
Shield négligemment déposé au pied de la main courante. Les princes ne rêvaient
plus que de s’approprier la couronne. Et, au diable les co-pintes d’hier !
Le prince Hal avait débauché le perfide Iago chez le roi maure. Tous les moyens
seraient valables.
Du coup,
les Old Legends avaient soudoyé tous les plus vaillants farmers des Iles
Britanniques ! Les Vieux Cochons ne reconnaissaient plus leurs potes de
jeu des 2 années précédentes. Ou alors, ils avaient trouvé une potion magique
qui leur avait fait prendre à chacun 20 cm et 30 livres de deltoïdes… De plus,
z’étaient 30 ! 3 fois plus qu’à Rousié l’année précédente…
Le goret Falstaff
ayant l’ouie fine, certains assistèrent, médusés, au ballet suivant. Les
princes héritiers défilaient les uns après les autres devant leurs numbers four
and twelve avec la même rengaine : « Hello guy ! Welcome !
What’s your name ! »…
C’étaient
plus les Old Legends. Plutôt une sélection des Lions Britanniques. Mais, alors,
des Lions gonflés à l’hélium et à la créatine…
Dernier soubresaut
Je ne
sais pas ce que ressentaient les premières tranchées frappées par la Grosse
Bertha. Mais cela devait être proche des 20 premières minutes des Falstaff à
peine dégrisés. Une canonnade ininterrompue avec des obus de 120. Des bras magrichons
tentant de ralentir des cuisses surdimensionnées.
Un
massacre.
Les
vagues bodybuildées déferlaient sur les digues de chair frêle.
Décompte
final après 30 min de bombardement. 24 à 0. 4 essais.
Capitaine
Yann, désigné après un an de sanatorium, avait beau rameuter les troupes sous
les poteaux, chaque ex-fêtard entrevoyait une mise à mort longue et inexorable.
Seulement,
l’injustice se révèle un ressort insoupçonnable. Le Falstaff pantelant se
releva furieux : « Quoi ! J’ai emmené mon prince dans toutes les
tavernes et les lieux de perdition. Lui ai servi de couverture. D’alibi. Hier
encore, vautrés ensemble dans le caniveau. Et, là, il me trahit ! Je
rêêêveee ! Quel ingrat ! »
Du coup,
à ruse, ruse et demi. Sous l’impulsion de crazy Xavon, la balle aux
ailes ! La grosse artillerie ne s’attaque pas de front. Nous avons alors
formé de petits commandos pour harceler la batterie pataude sur ses extérieurs.
Dans les intervalles de la garde. Avec des jarrets revigorés par l’ingratitude.
Et après
des raids tout proches de réussir, à la 38ème, nous employâmes la
fourberie suprême. Les feintes de passe de Pascal « Bastagros »
Augé ! Là, le veule prince en resta interdit… Comment le seul adversaire
au gabarit comparable au sien put-il esquiver les conflagrations frontales pour
éliminer deux avants dans les 22 et envoyé Roch Poletti aplatir ? Le
prince en resta interdit.
24 à 5 à
l’entracte.
Seulement,
la colère des gai-lurons ne s’apaisa pas à la reprise. « Tu veux me
mortifier ? Mais le Falstaff n’est pas encore mort ! Il court encore ! »
Et il se remit de suite à gambader. Beaucoup trop vite tout à coup pour le l’héritier
félon.
Faut dire
que le mortifié emprunta les jambes du Flo chevelu.
Et,
hop !, coup de pied hasardeux sur les 40m et chevauchée chaloupée !
24 à 12
Coup de théâtre
Il faut
dire que nos chevaux sauvages bénéficiaient enfin de quelques ballons de
conquête. Surtout depuis l’entrée d’une première ligne entièrement composée de
talonneurs ! La domination outrageuse des Legends dans ce secteur cessa
aussitôt, vaincue par l’agrégat de tant de virtuosité neurono-tactique. Les
Cochons enchaînaient tellement bien les prises d’intervalles que le Laurent
Olivé bénéficia d’un tapis rouge pour aplatir à la 54ème.
24 à 19
Les
princes ahanaient. Leurs têtes tournaient.
A la 63ème,
capitaine Yann crut les avoir achevés. Las !, l’arbitre de la scène ne
valida pas la pression de haut en bas.
Mais la
harde ne se découragea pas pour autant. Porté par l’énergie de Bastagros, de
Javier et de Battling Rouquin, le Flo capilloporté se retrouva en possession du
ballon sur les 50. Deux gros déposés sur place et une seconde chevauchée vers
le centre des poteaux. Non sans avoir pointé l’index vers le ciel dans l’en-but !
« Regarde ton Falstaff ! Il n’est pas encore là haut ! Il vient
de te rejoindre, mon prince, mon ancien protégé ! »
24 à 24
Bah, une
transfo facile pour Juju, et le bougre damné repasse devant !
Et ben,
non !, pas de transfo ! Pourquoi ? Bah, suspense…
Fin épique
Panique
tout de même chez les traîtres ! Plus que 10 min. Ils font à nouveau
rentrer tous les farmers !
Et, comme
Falstaff éclusait déjà à la satisfaction de sa résurrection vengeresse, il
vomit la balle dès le renvoi et, quelques pilonnages plus tard, les golems
mercenaires reprenaient la ligne de front.
Tout ça
pour ça ? 24 points remontés pour tout perdre trente secondes après ?
Come-back
inutile ? Mais, non, surtout pas ! N’oubliez pas que c’est du
théâtre. Shakespearien.
Le drame
était posé dès le début. Le Prince gagnerait. Mais le Falstaff, lui,
conquerrait les cœurs des spectateurs. Par sa sortie grandiose. Tragique. Son
héroïsme vain. Et sa droiture.
Impression
confirmée le lendemain au Grand Banquet. Là où le captain bristish nous
gratifia d’un discours convenu de 42sec21, le Falstaff pérora pendant une
tirade interminable. Déjà, il était triple avec le capitaine Yann, le président
Lawrence et l’ex Jean Mi ! Quelle présence ! Quelle prestance !
Et,
surtout, une fin grandiose sous les regards stupéfaits de l’assistance !
L’élection du Corbier d’Or dans le club-house de Pearcecroft ! Comme au
Roi du Café à Paname !!!
Nominés :
Juju Schwartz, bien sûr, pour avoir vu sa transfo de face pour la victoire
contrée par le seconde ligne qui le chargea à 1 mile et demi à l’heure ; Bastagros
qui abandonne volontairement ses frêles partenaires pour se reposer 10 min et
fumer 4 clopes ; Yann qui affirme haut et fort avoir bien aplati, ce qui semble
douteux, qui plus est après avoir coffré le ballon malgré des partenaires
totalement démarqués. Et élu : Flo Gallaire, non pas pour son doigt, ni
pour son pas de deux sur 30 m avec son vis-à-vis qui le repoussait vainement
avec ses bras de golgoth, mais bien pour la nouvelle posture technique de
l’ailier : se recoiffer entre chaque crochet sur son premier essai !
Et, ultime pied de nez du Falstaff : ce Corbier d’Or réparait celui que le
Lazz, waterboy la veille, récolta un an plus tôt quelque part en Irlande. Pour
couvrir déjà les ignominies du Flo.
Vous
voyez. Le Prince anglois croit gagner. Il a son Shield dans les mains et sa
couronne sur la tête. Mais le théâtre se défie des apparences du pouvoir !
Falstaff a définitivement conquis le public en soignant son image. Et son
texte. Transformé le présomptueux club house de Pearcecroft en annexe d’un rade
du XVIIème. Et s’en ai servi pour y solder des arriérés fumeux de chez ces
bouseux de colonisés rouquins…
Rideau.
Et
standing ovation pour les troublions.
Jean Mi,
l’ex dramaturgiquement inconséquent
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